jeudi 3 juin 2010

Le jour où il ne s'est rien passé

Je suis tellement occupé à vivre dans le présent - ami lecteur, admire-ici la magnifique expression qui m'évite de dire au jour le jour - que j'ai rarement, au quotidien, l'occasion de me projeter dans autre chose que l'instant.

'ignore si n'avoir ni passé, ni futur est vraiment positif pour un être humain. Mon instinct naturel m'avait toujours fait pressentir que ce n'était pas forcément une bonne chose mais quand on se trouve devant le fait accompli, on s'en accomode finalement avec un naturel assez désarmant.

Mais, de temps en temps, les vestiges de mon passé et des plans vers le futur se remettent à me traverser la tête. Comme cette semaine, par exemple, où j'ai passé mes moments de sommeil à faire des rêves étranges. Des bouts de passé, réels ou imaginés, qui sont revenus à la surface, de ces trucs étranges que seul l'onirisme est capable d'offrir. La cause de toutes ces choses qui m'incitaient inconsciemment à regarder dans le rétroviseur, je la connais. C'est ce petit bout de calendrier qui revient constamment dans ma vie à une cadence régulière.

On appelle ça un anniversaire, en bon français. A chaque fois, c'est la même chose, ça me terrifie.

C'est pas que je sois envahi par la peur de vieillir, non, ce doit être que j'ai horreur de faire le bilan des choses passées. Parce que le problème, il est bien là : il se passe des choses dans ma vie mais je n'ai pas réellement l'impression d'avoir de prise sur elles. Elles passent, elles traversent mon existence.

Je pourrais m'en plaindre, bien sûr. Mais, à cet instant là, juste avant de souffler les bougies, je me souviens d'avant, de quand j'avais suivi la voie toute tracée qui s'offrait à moi, de quand j'étais brinqueballé par tout un système. C'était pire. Certes, il était bien plus commode pour moi d'avoir un bien meilleur gateau. Il aurait été plus aisé de prendre un téléphone pour éviter d'être tout seul devant ces petits bouts de flamme. Mais ça ne changeait rien. Les choses ne traversaient pas ma vie, c'était moi qui traversais la leur.

Alors, OK, je suis toujours pas acteur de ma vie mais je n'en suis plus la victime. C'est le peu dont je me contente. Au moins au quotidien.

Il n'empêche que certains jours, certains soirs, c'est plus difficile que d'autres et les journées d'anniversaire, c'est toujours une de celles où je me dis que peut-être finalement, il va enfin se passer quelque chose dans ma vie dont je sois enfin le sujet et non plus le complément d'objet.

Mais c'est pas encore pour ce coup-ci. La prochaine fois peut-être, ça fait trente qutare ans que ça dure, on est plus à un jour prêt.

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